Bulletin de la société historique du 3 juillet 1918

 

Jouyneau-Dosloges (1) raconte qu’en 1773 les foires et marchés de Sauzé sont renommés pour le bled seulement. On y trouve boeufs, chevaux, mules, cochons, moulons et des comestibles. « Nous fournissons, dit l’auteur, au Limousin par Confolens, à l’Angoumois par Mansle et à la Saintonge par Ecoyeux (canton de Buriio, arrondissement de Saintes). Pas d’église, la paroisse est à Vaussais. Nous regrettons toujours le changement de route de Poitiers.à Bordeaux, mais nous espérons que celui qu’on tracera de Limoges à la Rochelle par Niort nous dédommagera (2). Tl y a des molières h Caunay. »

Il y avait à ce moment deux notaires à Sauzé.

En 1790, Sauzé et Vaussais furent réunis en une seule commune. La paroisse cessa d’exister civilement et le curé de l’époque, M. Trocheteau, déposa le double du registre de l’état civil au greffe du tribunal de Melle, le 18 janvier 1792. Une ère nouvelle allait commencer pour ces deux localités désormais réunies sous une même administration. C’est à Sauzé que fut établi le chef lieu de la commune, ce qui démontre que dès cette époque, il était plus important que Vaussais. Nous avons vu, en effet, que lors de l’érection de la terre de Pannesac .en marquisat, les droits de foires et de marchés avaient été concédés à la famille de Crugy-Marcillac et qu’à ces foires renommées pour le blé on y trouvait aussi des bestiaux et des comestibles de toutes sortes.

Un bureau de poste y avait été établi et le chemin de la poste par Pliboux, Sauzé et Montjean était parcouru pan » un courrier à cheval. Ce serait ce chemin que, d’après la tradition, Louis XIV aurait suivi, en 1660, lorsque Mazarin vint s’entendre avec Louis de Haro, ministre d’Espagne, à la frontière franco-espagnole, dans l’île des Faisans, pour traiter la paix des Pyrénées et régler le mariage de la fille de Philippe IV avec le roi de France. Suivant la même tradition, les routes étaient en si piteux état qu’il fallut de nombreuses paires de boeufs pour traîner les carrosses royaux. Le roi aurait couché au château du Puy-d’Anché, dans une salle dite Salle de Louis XIV. Ce qui est certain c’est que le roi ordonna que l’église de Vaussais, brûlée par les bandes protestantes, fut relevée et qu’il donna une certaine somme d’argent à cette intention.

(Chemin appelé chemin des meurtres).

Toutes ces raisons expliquent donc le choix qui fut fait de Sauzé pour être le chef-lieu de la nouvelle commune, aussi bien que d’un canton composé des paroisses : Les Alleux, la Chapelle-Pouilloux, Limalonges, Lorigné, Maire, Melleran, Montalembert, Pliboux, Queue d’Ajasse (1) et Sauzé-Vaussais. Mais avant d’écrire l’histoire des temps actuels, voyons ce que nous savons de Vaussais.

VAUSSAIS

Certains auteurs prétendent que ce nom Vaussais est un dérivé des deux mots latins Vallis sicca (vallée sèche). Dès l’an 830, dans la Vie de saint Junien, par Wulfin Boëce, Vaussais est désigné par le mot Waciaco. Suivant le savant étymologiste déjà cité, Vaecius aurait pu être le fondateur d’un domaine auquel on aurait ajouté le suffixe acus, ce qui donnerait Vacciacus d’où Voacoei, Vauciagum, Vauciacus, Voaciacum, Voachai, Vozaicus, Voussay, Vaussay. Il est probable qu’à l’époque gauloise sa vaMée était fréquentée par les habitants des coteaux et bois voisins.

Saint Junien, né à Champagne, près Chaunay, fondateur du monastère de Mairé-Lévescaullt, évangélisa celte conilirée : ce n’était point chose inutile. Il était souvent la victime des larcins de nos ancêtres qui venaient le voler dans l’ermitage qu’il s’était choisi, à l’emplacement actuel de l’église, dit son historien Rondier ; au coteau, de l’autre côté de la vallée, dit la tradition. Certain jour où il avait failli être lapidé par ses peu endurants voisins, il leur défendit d’ailler audelà d’une pierre qu’il avait assigné comme limite à leu/r poursuite. Cette grosse pierre existe encore sur le chemin de Saïuzé à Vaussais et est .connue sous le nom de « la grosse borne ».

Ceux qui ne tinrent pas compte de ses avertissements furent cloués au sel pair une force surnaturelle, et leurs descendants furent affligés de chassie et de goître. Rondier ne veut pais admettre que les goitreux de la vallée de la Péruze portassent ancoire la responsabilité des fautes de leurs ancêtres, la bonté du saint ne pouvant le permettre. Il est juis-te die dire que s’il y eut dans les siècles précédents deis chassieux et des goitreux dans ces vallons, ils ont aujourd’hui totalement disparu.

L’église de Vaussais a été bâtie à la fin du Xn siècle ou au début du XIe. Dès l’an 1013, nous voyons un certain Doctrinus faire don à l’abbaye SaintEtienne de Limoges de l’église de Vaussais (Vaucciacii) bâtie en l’honneur de saint Junien, abbé au pays de Brioux, dans la viguerie de Civray. A la même époque, Tebaud (Tebaldus), fidèle chevalier de Guillaume, duc d’Aquitaine, sous le règne de Robert II, le Pieux, donné à la même abbaye de Saint-Etienne de Limoges sa propriété appelée Péruziaim (1) avec d’autres biens y touchant. Vaussais est égalemenlt cité dans un don fait en 1085 à l’abbaye de Saint-Maixent, de l’église de SaintMartin de Lorigné. En 1127, Pierre de Vaussais était chanoine de Saint-Hilaire de Poitiers. En 1216-1217, Fulbert, chapelain de l’église de Vaussais, signa en cette qualité deux actes relatifs à l’abbaye de Nouaillé. L’église devait vingt-cinq livres de droits au chapitre de Saint-Etienne qui avait droit de haute justice, relevant du château de Civray. En 1308, dom Fonteneau (1) cite un échange d’héritages situé « in villa Vaucciago », entre Hubert et l’abbé de Nouaillé.

Viennent maintenant les troubles religieux et de celte belle église avec ses cinq nefs et son mur droit au chevet, il ne restera que la partie orientale, le reste ayant été brûlé avec tous les documents y relatifs. La nef actuelle qui n’est qu’une construction semblable à une grange, fût rebâtie vers 1681. Le culte paraît même avoir été suspendu jusqu’en 1659 où nous voyons Clerbaud, prêtre, procéder à des baptêmes, mariages et enterrements.

Il en fut ainsi jusqu’au mois d’avril 1688 où Julien Thomas fut nommé curé de Vaussais. Il établit comme il suit, par une note insérée au registre des baptêmes, mariages et enterrements, la situation de son église :

L’année 1681 que l’église de Vaussay fut rétablie, le roi donna l’argent qu’il fallut pour rétablir la nef de la dite église et le vitrai (sic) qui regarde dans le jardin de la cure.

Pour rétablir le coeur (sic) de l’église, Messieurs de Saint Etienne de Limoges, le firent rétablir en qualité de seigneurs fondateurs et iar cet en » it (sic) Monsieur Kabreuil, doyen de l’église de Poitiers, qui avait la commission de veiller au rétablissement des églises de ce canton, reçut un ordre du Chapitre de Limoges pour faire faire un bail au rabet (sic) pour le coeur (sic) de Vaussais. Ce qui fut mis et réglé à cent cinquante livres que Monsieur Abraham Gueny, sieur de la Braudière, paya en qualité de fournisseur du Chapitre de Limoges et quoique le marbre qui porte ces mots : « Ludovici Magni rnunificentia hoc templum rpstauratnm ■ , soit dans le coeur (sic) rie l’église de Vaussais, c’est Messieurs de Saint-Etienne qui Vont fait rétablir. Le 8 mai 1688, Thomas, curé de Vaussay, pour servir d’instruction et de lumierre (sic) aux curés mes successeurs.

(1) T. XXI, p. 349 (Bibliothèque municipale de Poitiers).